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Conseillé par Alex-Mot-à-Mots16 novembre 2023
épuration
Je dois dire que mon avis est assez ambivalent concernent cette lecture.
J’ai à la fois aimé et détesté le style : la narratrice est Simone, une jeune femme qui a de l’instruction (elle a été la meilleure de son département au Bac), mais pas d’éducation (elle ne discute pas, elle cause ; l’enfoiré de poulet lui sort des phrases…)
J’ai eu de la compassion pour Simone qui grandit dans une famille sans amour, ayant fait faillite deux fois, et dont les parents ont baissé les bras. Seule sa sœur aîné Madeleine lui vient en aide.
J’ai compris ses désirs de vengeance, sa colère omniprésente, et son énergie mise à s’en sortir.
Mais je lui en ai voulu de ne pas ouvrir les yeux sur le monde dans lequel elle vivait : l’antisémitisme, le nazisme. Se fascination m’a paru bien naïve mais en même temps si compréhensible : elle voulait être partie prenante de quelque chose de Grand.
J’ai bien sur été outrée quand les anciens dorioristes devenus résistants criaient les plus forts et étaient les plus virulents.
Quelques détails m’ont interpellés : la librairie où travaille Otto brûle, mais quelques pages plus tard il continue d’y travailler. La famille de Simone est sensé habiter un appartement avec des voisins au-dessus, mais les chambres sont à l’étage.
J’ai souri des bouillons verts que Madeleine cuisine pendant la guerre avec des fanes de légumes, pour changer des racines à bestiaux (rutabaga et autres).
J’ai aimé l’attachement de Simone à la cathédrale, comme un point de repère dans sa ville et dans sa vie. J’ai moins compris les apparitions de la petite fille blonde.
Bref, une lecture et un personnage de Simone qui se montre dans toute sa complexité, et ça fait du bien.
L’image que je retiendrai :
Celle des soins de Simone gorgés de lait lorsqu’elle se fait arrêter par les tondeurs, tous des hommes. Ce qui la sauve de la barbarie ambiante est de ne penser qu’à sa fille.
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Conseillé par Marc F. (Libraire)27 octobre 2023
La tondue de Chartres
Histoire de Simone Grivise qui a été tondue le 16 août 1944 à Chartres, pour avoir eu un enfant avec un Allemand et avoir diffusé les idées nazies. L'auteure retrace sa vie mais, ne connaissant pas tous les détails, elle invente des faits qui vont dans le sens d'adoucir sa responsabilité.
C'est d'abord un roman et on prend plaisir à lire cette vie et à comprendre comment on en arrive à aimer l'ennemi en pleine guerre. -
Conseillé par Nathalie P. (Libraire)18 octobre 2023
Un premier roman certes controversé mais très inspiré.
Un roman librement inspiré de l'histoire de Simone Touseau, « La tondue de Chartres » immortalisée par Robert Capa en août 1944. La photo est parlante, symbole de l'épuration. On y voit une jeune femme tondue, marquée au fer rouge sur le front, tenant son nouveau-né dans ses bras au milieu d'une foule menaçante. A partir de ce cliché, Julie Héraclès s'empare du destin de cette femme et revisite son histoire. Elle interroge son passé, revient sur cette journée fatidique. Avec émotion, sont évoquées les heures sombres de la guerre aux côtés de cette jeune fille aux idées bien arrêtées qui va choisir « son camp » et vivre une histoire d'amour tragique avec un officier allemand.
Dès le début, on est très vite embarqué dans le récit qui se lit très facilement. Julie Héraclès s’est lancée dans un exercice périlleux dans le sens où elle revisite librement l’histoire de Simone Touseau, en fait un personnage attachant malgré ses convictions et ses idéaux. Hors la vraie Simone semble bien avoir été reconnue de collaboration et ne cachait pas son admiration et sa sympathie pour l’Allemagne nazie. Personnellement, je trouve que ce récit a le mérite de remettre au jour cette histoire, ces temps pas très glorieux de l’épuration. L’auteur a réussi le pari de nous plonger dans l’ambiance de ces années de guerre.
En parallèle, si le sujet vous intéresse je ne peux que vous recommander fortement l’écoute des podcasts de l’émission consacrée à Simone Touseau sur France Culture “Enquête à la première personne”, diffusée en 2022. -
Conseillé par Pascale B.11 septembre 2023
« L’embochée »
Chartres 1944.
Simone Grivise a 23 ans, est arrêtée pour conduite antinationale, soumise à une tonte humiliante en public au lendemain de la seconde guerre mondiale.
« La Tondue de Chartres » du photographe Robert Capa a inspiré ce roman à Julie Héraclès qui nous offre une rétrospective de ces 23 années de vie. Elle présente Simone, la mère, le vieux, la sœur…. Les rencontres qui l’ont influencée. Toute jeune, elle se démarque par sa rébellion, sa naïveté teintée d’une détermination farouche à échapper à sa condition modeste. Elle fait rapidement des choix personnels et audacieux et apprend de ses déboires.
La maîtrise de l’écriture, la narration prenante et rythmée, ainsi que la fluidité de l’alternance des époques, font que le lecteur dévore le parcours de Simone et s’attache aux autres personnages. L’intrigue conserve, malgré la fin annoncée d’emblée, le suspense tout au long du récit.
Premier roman historique et romanesque de l’auteur, une réussite, dont l’objectivité sert avec brio une mise au point sur le destin d’une femme assoiffée d’avenir et prête à tout par amour.« Ces visions m’assaillent depuis des jours. Elles dansent la gigue dans mon cerveau, elles me trouent les entrailles »
« Mon estomac broie du rien et ça fait un mal de chien »
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Conseillé par Matatoune V.1 septembre 2023
Julie Heraclès donne une autre voix à la jeune femme photographiée par Robert Capa, le 16 juin 1944, que l’on nomme la “Tondue de Chartres”. En alternant les chapitres qui enchevêtrent le présent de l’arrestation et son passé, une Simone Grivise se raconte et se dévoile, différente de la femme photographiée, dans ce premier roman.
Suite de la chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2023/08/31/julie-heracles/ -
Conseillé par Audrey V. (Libraire)30 août 2023
Un premier roman formidable et puissant
Le premier roman (car c’est un roman) de Julie Héraclès est formidable. Simone, libre, indépendante et au caractère trempé, est bien décidée à ne renoncer à rien. Elle fait ses choix à contre-courant, toujours par ambition, jamais par conviction. Dans cette période terrible où personne n’est irréprochable, Simone tombe amoureuse d’un Allemand.
Dans une langue riche et vivante, l’autrice réussi un roman plein de morgue, un roman puissant ! -
Conseillé par Muriel H. (Libraire)28 août 2023
La Tondue de Chartres
Un premier roman éblouissant.
C'est à partir de cette photo de Robert Capa, devenue malheureusement, célèbre, que Julie Héraklès imagine quelle a été la vie de cette jeune femme tenant son bébé dans les bras . Tondue pour avoir osé aimer un soldat allemand, agressée, bousculée et menacée par des passant(e)s goguenards. Elle symbolise toutes ces femmes qui ont connu l'humiliation et les jugements par des gens certainement plus méprisables et collaborateurs qu'elles.
Un roman terrible et bouleversant. -
Conseillé par Virginie S. (Libraire)16 août 2023
ce récit s'immisce dans les zones grises de notre histoire avec sensibilité et empathie.
Une photo célèbre de Robert Capa prise en 1944 à Chartres montre une jeune femme tondue qui serre son nourrisson dans ses bras, conspuée par la foule. Ce cliché témoigne de la violence collective et des drames intimes qui se jouent à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Julie Héraclès imagine dans ce récit la vie de Simone, cette jeune bachelière réputée arrogante, issue d'une famille de commerçants déclassés, et tente de comprendre la succession des évènements qui l'ont conduite sous les huées de la foule. Histoire d'une Pietà pécheresse accusée de collaboration horizontale, ce récit s'immisce dans les zones grises de notre histoire avec sensibilité et empathie.