- EAN13
- 9782889073191
- Éditeur
- Zoé
- Date de publication
- 05/01/2024
- Collection
- DOMAINE ALLEMAND
- Langue
- français
- Langue d'origine
- allemand
- Fiches UNIMARC
- S'identifier
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-
Papier - Zoé 19,00
Yael Inokai est aussi forte qu’Elisa Dusapin pour appréhender la complexité de
nos relations avec les autres de façon sensuelle : elle aborde les rapports de
pouvoir via les sens et les émotions. Cela, dans une langue simple, précise et
néanmoins très suggestive. Dans Une simple intervention, elle s’intéresse de
près à la vie quotidienne d’une infirmière: comment trouver sa liberté quand
on ne répond pas aux normes ? Vol au-dessus d’un nid de coucou (à cause de la
lobotomie) et La servant écarlate (pour la question de la liberté) ont souvent
été cités dans la presse allemande à propos de ce roman multiprimé.
Infirmière, Meret aime son travail et porte son uniforme avec fierté, car elle
se sent du côté du bien. Interne dans une clinique, elle accompagne des
interventions chirurgicales d’un genre nouveau supposées remettre les gens
dans le droit chemin. Les patientes sont avant tout des femmes, qui souffrent
de colère ou de comportement déviants. L’intervention « toute simple » se
pratique sur la patiente éveillée pour traiter le bon endroit du cerveau : «
Il y a quelque chose en vous, et je vais l’endormir. Ça ne vous dérangera
plus. Ça dormira pour toujours. C’est aussi simple que ça. » Meret est chargée
de distraire les patientes pendant l’opération, elle joue aux cartes avec
elles, chante et tout se passe bien. « Le docteur n’avait qu’à trouver
l’endroit atteint, puis il l’endormait, comme un animal malade. Telle était sa
mission. La mienne, c’était d’occuper les patients. Je devais les distraire de
l’intervention et maintenir avec eux un échange constant. Leur état de veille
nous garantissait que le docteur se trouvait au bon endroit avec ses
instruments. J’observais le moindre mot et le moindre regard. J’enlevais aux
êtres humains leur peur, qui enflait parfois indépendamment de ce que les
calmants dictaient au corps. Voilà comment nous collaborions. » Mais un jour
la machine déraille. Marianne ne se réveille pas. Et Sarah, l’infirmière avec
laquelle Meret partage sa chambre, a son propre point de vue sur ces « simples
interventions ». Pour Meret commence un lent chemin d’émancipation. Peu à peu,
elle accepte de remettre en question la foi qu’elle a dans son métier, de se
défaire de l’ascendant qu’exerce sur elle « son docteur » qui ne « se
dépêchait pas comme nous. Il avait l’assurance d’un homme dont le temps est
considéré comme précieux ». Pour cela, Meret a besoin de toute la force de
l’attraction naissante entre elle et Sarah. En s’ouvrant à cet amour intense,
érotique, total (voir les extraits pour la revue nouveautés), Meret franchit
une frontière invisible, et commence à entrevoir une autre vie possible, à
inventer. L'enfance de Meret est évoquée en paralllèle. Dans sa famille, le
père pouvait se montrer violent. En mettant en place des stratégies
d’évitement, Meret l'a accepté de telle sorte que tout était susceptible de
sembler le plus normal possible. La langue retenue et poétique de Yael Inokai,
magnifiquement restituée en français par le travail de traduction de Camille
Logoz, confère au roman une atmosphère feutrée, sobre, diffusant une étrangeté
sourde. Celle-ci est renforcée par l’époque indéfinie dans laquelle se déroule
l’intrigue ; l’entre-deux guerre ou un futur dystopique ? De même, la petite
ville à proximité de l’hôpital pourrait être n’importe quelle petite ville
d’Europe du Nord. Loin de nous perdre, cette indécision donne encore plus de
force à la fiction. De ses études d’écriture de scénario, Yael Inokai a très
certainement développé un sens aigu de la dramaturgie et de l’atmosphère créée
sans profusion de mots. Yael Inokai suggère beaucoup, sans trop expliquer :
les phrases sont brèves, les descriptions claires, laissant beaucoup de place
aux images. Il se dégage de tout le roman un grand calme, le feutré des
couloirs de l’hôpital, mais en toile de fond l’obscur sentiment que sous cette
surface lisse bouillonnent des eaux vives qui n’attendent qu’une fissure pour
déferler. Née à Bâle en 1989, Yael Inokai est la fille d'une Allemande et d'un
Hongrois. Elle a étudié la philosophie à Bâle et à Vienne et l’écriture de
scénario à la Deutsche Film- und Fernsehakademie de Berlin. Une simple
intervention est son troisième roman, multi-primé. C’est son premier livre
traduit en français. Camille Logoz la traductrice vit à Lausanne et travaille
comme traductrice littéraire. Elle a fait des études de lettres (français et
allemand) aux universités de Lausanne et Zurich et a participé au Programme
Goldschmidt pour jeunes traducteurs et traductrices littéraires en 2019. En
2020, elle a publié la première traduction française d’Iris von Roten, Femmes
sous surveillance (Antipodes).
nos relations avec les autres de façon sensuelle : elle aborde les rapports de
pouvoir via les sens et les émotions. Cela, dans une langue simple, précise et
néanmoins très suggestive. Dans Une simple intervention, elle s’intéresse de
près à la vie quotidienne d’une infirmière: comment trouver sa liberté quand
on ne répond pas aux normes ? Vol au-dessus d’un nid de coucou (à cause de la
lobotomie) et La servant écarlate (pour la question de la liberté) ont souvent
été cités dans la presse allemande à propos de ce roman multiprimé.
Infirmière, Meret aime son travail et porte son uniforme avec fierté, car elle
se sent du côté du bien. Interne dans une clinique, elle accompagne des
interventions chirurgicales d’un genre nouveau supposées remettre les gens
dans le droit chemin. Les patientes sont avant tout des femmes, qui souffrent
de colère ou de comportement déviants. L’intervention « toute simple » se
pratique sur la patiente éveillée pour traiter le bon endroit du cerveau : «
Il y a quelque chose en vous, et je vais l’endormir. Ça ne vous dérangera
plus. Ça dormira pour toujours. C’est aussi simple que ça. » Meret est chargée
de distraire les patientes pendant l’opération, elle joue aux cartes avec
elles, chante et tout se passe bien. « Le docteur n’avait qu’à trouver
l’endroit atteint, puis il l’endormait, comme un animal malade. Telle était sa
mission. La mienne, c’était d’occuper les patients. Je devais les distraire de
l’intervention et maintenir avec eux un échange constant. Leur état de veille
nous garantissait que le docteur se trouvait au bon endroit avec ses
instruments. J’observais le moindre mot et le moindre regard. J’enlevais aux
êtres humains leur peur, qui enflait parfois indépendamment de ce que les
calmants dictaient au corps. Voilà comment nous collaborions. » Mais un jour
la machine déraille. Marianne ne se réveille pas. Et Sarah, l’infirmière avec
laquelle Meret partage sa chambre, a son propre point de vue sur ces « simples
interventions ». Pour Meret commence un lent chemin d’émancipation. Peu à peu,
elle accepte de remettre en question la foi qu’elle a dans son métier, de se
défaire de l’ascendant qu’exerce sur elle « son docteur » qui ne « se
dépêchait pas comme nous. Il avait l’assurance d’un homme dont le temps est
considéré comme précieux ». Pour cela, Meret a besoin de toute la force de
l’attraction naissante entre elle et Sarah. En s’ouvrant à cet amour intense,
érotique, total (voir les extraits pour la revue nouveautés), Meret franchit
une frontière invisible, et commence à entrevoir une autre vie possible, à
inventer. L'enfance de Meret est évoquée en paralllèle. Dans sa famille, le
père pouvait se montrer violent. En mettant en place des stratégies
d’évitement, Meret l'a accepté de telle sorte que tout était susceptible de
sembler le plus normal possible. La langue retenue et poétique de Yael Inokai,
magnifiquement restituée en français par le travail de traduction de Camille
Logoz, confère au roman une atmosphère feutrée, sobre, diffusant une étrangeté
sourde. Celle-ci est renforcée par l’époque indéfinie dans laquelle se déroule
l’intrigue ; l’entre-deux guerre ou un futur dystopique ? De même, la petite
ville à proximité de l’hôpital pourrait être n’importe quelle petite ville
d’Europe du Nord. Loin de nous perdre, cette indécision donne encore plus de
force à la fiction. De ses études d’écriture de scénario, Yael Inokai a très
certainement développé un sens aigu de la dramaturgie et de l’atmosphère créée
sans profusion de mots. Yael Inokai suggère beaucoup, sans trop expliquer :
les phrases sont brèves, les descriptions claires, laissant beaucoup de place
aux images. Il se dégage de tout le roman un grand calme, le feutré des
couloirs de l’hôpital, mais en toile de fond l’obscur sentiment que sous cette
surface lisse bouillonnent des eaux vives qui n’attendent qu’une fissure pour
déferler. Née à Bâle en 1989, Yael Inokai est la fille d'une Allemande et d'un
Hongrois. Elle a étudié la philosophie à Bâle et à Vienne et l’écriture de
scénario à la Deutsche Film- und Fernsehakademie de Berlin. Une simple
intervention est son troisième roman, multi-primé. C’est son premier livre
traduit en français. Camille Logoz la traductrice vit à Lausanne et travaille
comme traductrice littéraire. Elle a fait des études de lettres (français et
allemand) aux universités de Lausanne et Zurich et a participé au Programme
Goldschmidt pour jeunes traducteurs et traductrices littéraires en 2019. En
2020, elle a publié la première traduction française d’Iris von Roten, Femmes
sous surveillance (Antipodes).
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