Dérives, pour se fixer

Ces courts textes, écrits entre 1996 et 2023, ont surgi à la faveur de
préoccupations lancinantes sur quelques aspects de l’existence. Il fallait des
mots, mettre en mots, pour voir plus clair dans une inquiétude de départ.

Ce qui a donné l’élan, c’est parfois une phrase entendue par hasard, en
atelier d’écriture ou ailleurs. Des mots liminaires dont l’auteure se
départira la plupart du temps.

Son écriture, ainsi que la vie souvent, procède par dérives. Sous l’effet des
réminiscences, des sens cachés, des évidences soudaines et brutales, des échos
sonores aussi, elle va, vient, hésite, est emportée, avalée plus loin,
reparaît ici et renonce à y rester tout à fait.

Pourtant quelque chose a lieu, fait lien, se fixe dans et entre ces textes où
il est question, notamment, de la prudence qu’impose un bonheur, du silence
comme une carence, de l’autre qui sidère, aimante, ou qu’on ne voit plus, de
l’eau salvatrice qui sépare…

La poésie tient ici à une volonté ferme de craqueler la pellicule
superficielle des mots pour creuser plus avant, loin du sentiment lisse et
convenu, de l’émoi premier et facile. Fouiller, dire au plus près, sans
congédier l’étrange ou juste ce qui dérange. Essayer. Qu’importe la rive,
pourvu que l’on s’y arrime vraiment.

À PROPOS DE L'AUTRICE

Née en 1973, Aude Brédy vit depuis bientôt trente ans à Paris. Lors de ses
études de Lettres, elle a aimé travailler sur Aragon et Jules Supervielle.
L’auteure a notamment été journaliste culturelle à l’Humanité et attachée
parlementaire de Jack Ralite. Elle écrit depuis longtemps, mais par à-coups,
et photographie chaque jour ce qui l’entoure.