- EAN13
- 9782352871194
- ISBN
- 978-2-35287-119-4
- Éditeur
- Archipoche
- Date de publication
- 06/05/2009
- Collection
- ROMANS ETRANGER
- Nombre de pages
- 672
- Dimensions
- 17,9 x 11 x 4,2 cm
- Poids
- 372 g
- Langue
- français
- Langue d'origine
- anglais
- Code dewey
- 850
- Fiches UNIMARC
- S'identifier
Deux Soeurs Pour Un Roi
De Philippa Gregory
Traduit par Celine Veron Voetelink
Archipoche
Romans Etranger
Autre version disponible
Ce livre a été publié sous le titre
The Other Boleyn Girl
par HarperCollins, Londres, 2001.
www.archipoche.com
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envoyez vos nom et adresse, en citant ce
livre, aux Éditions Archipoche,
34, rue des Bourdonnais 75001 Paris.
Et, pour le Canada, à
Édipresse Inc., 945, avenue Beaumont,
Montréal, Québec, H3N 1W3.
eISBN 978-2-3528-7466-9
Copyright © Philippa Gregory Ltd, 2001.
Copyright © L'Archipel, 2008, pour la traduction française.
Printemps 1521
J'entendis un roulement de tambour étouffé. Une femme devant moi me bloquait la vue de l'échafaud, je n'apercevais rien d'autre que les lacets de son corps de cotte. À cette cour où je vivais depuis plus d'une année, j'avais assisté à des centaines de festivités ; mais jamais encore à un événement comme celui-ci.
En tordant le cou, je parvins à entrevoir le condamné accompagné du prêtre ; ils avançaient lentement depuis la Tour jusqu'à la pelouse où se dressait la plate-forme de bois, le billot dressé en son centre. Le bourreau était vêtu d'une chemise sans manches, le chef couvert d'une capuche noire. La scène ressemblait à un bal masqué, je l'observai comme s'il s'agissait d'un divertissement de cour. Le roi, assis sur son trône, semblait distrait, comme répétant en son for intérieur son discours de pardon. Derrière lui se tenaient mon époux depuis une année, William Carey, mon frère, George, et mon père, sir Thomas Boleyn, qui arboraient un air grave. Je remuai les orteils dans mes pantoufles de soie, souhaitant voir le roi se hâter d'accorder sa clémence afin qu'il nous fût possible d'aller prendre notre première collation. À treize ans, j'avais toujours faim.
Sur l'échafaud, le duc de Buckinghamshire retira son épais manteau. Il m'était suffisamment proche pour que je puisse l'appeler mon oncle. Il avait assisté à mon mariage, m'avait offert un bracelet doré. Selon mon père, il avait offensé le roi d'une douzaine de manières : du sang royal coulait dans ses veines et il se faisait accompagner d'une escorte trop nombreuse et trop armée pour rassurer un monarque pas encore solidement établi. Affront suprême, il aurait prétendu le souverain incapable d'engendrer un mâle et destiné à mourir sans héritier pour lui succéder.
Une telle pensée ne peut s'exprimer à haute voix ! Quoique chacun sût que la reine dût engendrer un fils, suggérer autrement revenait à faire le premier pas sur le chemin qui menait à l'échafaud où le duc, mon oncle, se tenait à présent sans peur et même avec dignité. Un bon courtisan n'évoque jamais rien de sordide ; la vie à la cour doit toujours être joyeuse.
Oncle Stafford s'avança sur le devant de l'estrade afin de prononcer ses dernières paroles. Trop loin pour l'ouïr, je regardai le roi qui attendait le moment propice pour offrir son royal pardon. Cet homme sur l'échafaud, dans le soleil du petit matin, avait été le partenaire au jeu de paume du souverain, son rival lors des joutes, son ami de débauche. Ils étaient compagnons depuis l'enfance. Le roi lui donnait une leçon terrible et publique, mais ensuite il lui pardonnerait et nous irions tous manger.
La petite silhouette au loin se tourna vers son confesseur, baissa la tête pour la bénédiction puis embrassa le rosaire. Il s'agenouilla devant le billot et l'étreignit des deux mains. Je me demandai à quoi cela ressemblait de poser une joue sur le bois doux et ciré, de sentir le vent chaud qui venait du fleuve, d'entendre, au-dessus de soi, le cri des mouettes. Même en sachant qu'il s'agissait d'une mascarade, ce devait être étrange pour mon oncle de poser sa tête là, le bourreau derrière lui.
Ce dernier leva sa hache. Je regardai le roi. Il attendait le tout dernier moment pour intervenir. Je tournai de nouveau les yeux vers l'échafaud. Mon oncle ouvrit les bras en grand, signal que la hache pouvait tomber. Je regardai le beau visage du roi emprunt de morosité ; il fallait qu'il se lève à présent. Un autre roulement de tambour retentit soudain, suivi du choc sourd de la hache. Une fois, puis une autre, et une troisi ème ; un bruit familier, comme celui du bois qu'on coupe. Incrédule, je vis la tête de mon oncle rouler dans la paille puis un jet de sang écarlate jaillir du cou étrangement court. L'exécuteur à la capuche noire mit de côté sa grande hache maculée avant de soulever la tête par l'épaisse chevelure boucl ée. Nous aperçûmes alors cette chose étrange qui ressemblait à un masque, son bandeau lui couvrant les yeux, les dents découvertes en un dernier sourire de défi.
Le roi se leva lentement de son siège et je pensai, de façon puérile, « Dieu tout-puissant, cela va être terriblement embarrassant ! Il s'y est pris trop tard. Tout est allé de travers. Il a oublié de parler à temps ».
Mais j'avais tort. Il avait voulu voir mon oncle mourir devant toute la cour afin que chacun sût qu'il n'y avait qu'un seul roi, et que c'était lui, Henri ; qu'un fils naîtrait de ce roi, et ne serait-ce que sous-entendre autre chose entraînait
The Other Boleyn Girl
par HarperCollins, Londres, 2001.
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livre, aux Éditions Archipoche,
34, rue des Bourdonnais 75001 Paris.
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Montréal, Québec, H3N 1W3.
eISBN 978-2-3528-7466-9
Copyright © Philippa Gregory Ltd, 2001.
Copyright © L'Archipel, 2008, pour la traduction française.
Printemps 1521
J'entendis un roulement de tambour étouffé. Une femme devant moi me bloquait la vue de l'échafaud, je n'apercevais rien d'autre que les lacets de son corps de cotte. À cette cour où je vivais depuis plus d'une année, j'avais assisté à des centaines de festivités ; mais jamais encore à un événement comme celui-ci.
En tordant le cou, je parvins à entrevoir le condamné accompagné du prêtre ; ils avançaient lentement depuis la Tour jusqu'à la pelouse où se dressait la plate-forme de bois, le billot dressé en son centre. Le bourreau était vêtu d'une chemise sans manches, le chef couvert d'une capuche noire. La scène ressemblait à un bal masqué, je l'observai comme s'il s'agissait d'un divertissement de cour. Le roi, assis sur son trône, semblait distrait, comme répétant en son for intérieur son discours de pardon. Derrière lui se tenaient mon époux depuis une année, William Carey, mon frère, George, et mon père, sir Thomas Boleyn, qui arboraient un air grave. Je remuai les orteils dans mes pantoufles de soie, souhaitant voir le roi se hâter d'accorder sa clémence afin qu'il nous fût possible d'aller prendre notre première collation. À treize ans, j'avais toujours faim.
Sur l'échafaud, le duc de Buckinghamshire retira son épais manteau. Il m'était suffisamment proche pour que je puisse l'appeler mon oncle. Il avait assisté à mon mariage, m'avait offert un bracelet doré. Selon mon père, il avait offensé le roi d'une douzaine de manières : du sang royal coulait dans ses veines et il se faisait accompagner d'une escorte trop nombreuse et trop armée pour rassurer un monarque pas encore solidement établi. Affront suprême, il aurait prétendu le souverain incapable d'engendrer un mâle et destiné à mourir sans héritier pour lui succéder.
Une telle pensée ne peut s'exprimer à haute voix ! Quoique chacun sût que la reine dût engendrer un fils, suggérer autrement revenait à faire le premier pas sur le chemin qui menait à l'échafaud où le duc, mon oncle, se tenait à présent sans peur et même avec dignité. Un bon courtisan n'évoque jamais rien de sordide ; la vie à la cour doit toujours être joyeuse.
Oncle Stafford s'avança sur le devant de l'estrade afin de prononcer ses dernières paroles. Trop loin pour l'ouïr, je regardai le roi qui attendait le moment propice pour offrir son royal pardon. Cet homme sur l'échafaud, dans le soleil du petit matin, avait été le partenaire au jeu de paume du souverain, son rival lors des joutes, son ami de débauche. Ils étaient compagnons depuis l'enfance. Le roi lui donnait une leçon terrible et publique, mais ensuite il lui pardonnerait et nous irions tous manger.
La petite silhouette au loin se tourna vers son confesseur, baissa la tête pour la bénédiction puis embrassa le rosaire. Il s'agenouilla devant le billot et l'étreignit des deux mains. Je me demandai à quoi cela ressemblait de poser une joue sur le bois doux et ciré, de sentir le vent chaud qui venait du fleuve, d'entendre, au-dessus de soi, le cri des mouettes. Même en sachant qu'il s'agissait d'une mascarade, ce devait être étrange pour mon oncle de poser sa tête là, le bourreau derrière lui.
Ce dernier leva sa hache. Je regardai le roi. Il attendait le tout dernier moment pour intervenir. Je tournai de nouveau les yeux vers l'échafaud. Mon oncle ouvrit les bras en grand, signal que la hache pouvait tomber. Je regardai le beau visage du roi emprunt de morosité ; il fallait qu'il se lève à présent. Un autre roulement de tambour retentit soudain, suivi du choc sourd de la hache. Une fois, puis une autre, et une troisi ème ; un bruit familier, comme celui du bois qu'on coupe. Incrédule, je vis la tête de mon oncle rouler dans la paille puis un jet de sang écarlate jaillir du cou étrangement court. L'exécuteur à la capuche noire mit de côté sa grande hache maculée avant de soulever la tête par l'épaisse chevelure boucl ée. Nous aperçûmes alors cette chose étrange qui ressemblait à un masque, son bandeau lui couvrant les yeux, les dents découvertes en un dernier sourire de défi.
Le roi se leva lentement de son siège et je pensai, de façon puérile, « Dieu tout-puissant, cela va être terriblement embarrassant ! Il s'y est pris trop tard. Tout est allé de travers. Il a oublié de parler à temps ».
Mais j'avais tort. Il avait voulu voir mon oncle mourir devant toute la cour afin que chacun sût qu'il n'y avait qu'un seul roi, et que c'était lui, Henri ; qu'un fils naîtrait de ce roi, et ne serait-ce que sous-entendre autre chose entraînait
Commentaires des lecteurs
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