Florence R.

18,00
Conseillé par (Libraire)
3 octobre 2023

Délicat et érudit

Sylvain a perdu son père. Ce père étonnant, à la marge si l'on considère la fortune et le rang social de sa famille. Les Dubois des Aulnays une dynastie d'industriels lorrains influente.
Ce père qui s'est essayé à de nombreux métiers ; parfois ingrats, pour avoir le loisir de choisir à sa guise, se rêvant caméléon. Ce père qui s'est donné la mort sans laisser le temps à Sylvain de lui dire à quel point il l'aime. Alors Sylvain va tâcher de lui faire honneur en choisissant un métier singulier. Il sera orchidéiste. Formé à l'école de l'humilité, Sylvain va faire son apprentissage auprès d'un homme qui lui confiera par la suite les rênes de son commerce. Sylvain devient es spécialiste de cette fleur si particulière. Se posera ensuite la question de la transmission de tout ce savoir acquis. Sylvain espérant céder sa place à son second, mais rien ne coule de source pour celui dont les racines ont été rompues. Sylvain tentant de panser ses blessures si vives en se vouant corps et âme à ces fleurs si fragiles et si nobles.
Un roman d'une infinie délicatesse, sur le deuil, impossible, d'un père disparu trop tôt, trop brutalement.

26,40
Conseillé par (Libraire)
28 septembre 2023

Follement captivant

Les sœurs Chapel sont six, et ont de jolis prénoms. Filles de l'homme à la tête d'une entreprise d'armes à feu célèbre, le peu avenant Henry Chapel, les voilà promises à un avenir "radieux", bien conventionnel. Et pourtant... le sort semble s'acharner sur la destinée de chacune d'entre elles. À peine mariée, l'aîné Aster va succomber. Mais de quels maux ? Cette tragédie est-elle vouée à se perpétuer sur la fratrie ? Leur mère Belinda, sorte de pythie fragile, paraît être la seule à savoir... adoubée par la petite dernière, Iris, très rapidement mis au ban par les autres.
Mystère et étrangeté nous happent dès les premières pages de ce roman aux forts accents gothiques. On suit envoûtée la trajectoire de chacune de ces jeunes filles confinées dans un huis clos étouffant où le désespoir et la langueur côtoient un certain désœuvrement. Un père absent et autoritaire, une mère rapidement évincée pour sa supposée folie. Chacune des jeunes filles dépeintes semblent tout droit sorties des peintures pré-raphaélites ("l'Ophélie" de John Everett Millais siérait à merveille à l'une des sœurs, Daphné). Des femmes à la destinée funeste.
La cruauté du conte matinée de fantastique, voilà la jolie prouesse de Sarai Walker ! Une réussite du genre et une belle surprise de lecture pour ma part !

Vincent Quivy

Éditions de l'Observatoire

20,00
Conseillé par (Libraire)
16 septembre 2023

L'histoire d'une quête

Il sera question ici de luttes. Double. Celle d'un père, activiste violent, poursuivi par les autorités, contraint de fuir et de laisser temporairement son fils. Et celle d'un adolescent de 17 ans, obligé de subir les actions de son père dont il ignore les enjeux et qui sembleraient même l'indisposer. Ces actions entravant sa vie d'adolescent lambda. Le voilà alors en transit avec sa mère – vulnérable, à Palma de Majorque, obligé d'attendre... un signe de son père. Malgré ce climat incertain, il y fait des rencontres, dont celle d'Esteban, sorte de double inversé, qui va profondément changer la donne.

Un roman captivant, dont la tension ne cesse de croître. On suit le cheminement de cet adolescent, pris en étau entre ce père redouté et ses désirs d'émancipation. La narration à la deuxième personne renforce cet aspect-là, sur le qui-vive en permanence, le narrateur n'aura de cesse de lutter, pour tâcher de vivre loin de cette figure paternelle écrasante.

Daniel Fohr

Inculte-Dernière Marge

22,50
Conseillé par (Libraire)
7 septembre 2023

Savoureux et vraiment drôle

Un dessinateur de BD en bout de course décide de quitter le continent pour rejoindre L'Île, où il possède une maison de vacances. De vacances, il n'en est pas tellement question vu sa situation et la période où il débarque sur l'île. Novembre, son humidité et l'absence de confort d'une maison plutôt équipée pour l'été (voire – soyons fou, de mi-saison). Cerise sur le gâteau, la chaudière est en rade. Peu importe, notre bonhomme n'est plus à ça près. Une surprise pouvant en cacher une autre, il reçoit très rapidement la visite du maire venu lui faire une proposition colossale, car notre élu "think big" (sic) : à savoir doter la salle des fêtes d'une fresque peinte en hommage à l'Ile, son histoire et blabla. Bref, replacer cette salle au centre de toutes les attentions "worldwide" si possible. Comme une sorte d'œuvre monumentale, mais raisonnable et surtout respectueuse des locaux et de son histoire. Il souhaite donc lui confier les rênes de ce chantier au grand dam de l'unique retraitée peintre du coin qui se serait bien vue barbouillé de ses jolies fleurs ladite salle.

Voilà donc le début de ce roman savoureux, et le mot est faible, tant la drôlerie et l'esprit irriguent ces pages. Les descriptions des personnages y participent grandement, tout comme le regard un brin moqueur du narrateur (qui ne se loupe pas non plus). On notera la figure tutélaire du maire et celle magistrale de l'actrice déchue et non dénuée de panache. Puis celle du Voisin, personnage universel s'il en est. Bref, un roman réjouissant à lire fissa !

Conseillé par (Libraire)
6 septembre 2023

L'heure du choix

La vie déroule, pour le narrateur, un métier de photographe reconnu et lucratif. Il vit bien de son travail, jusqu'au jour où il décide de se consacrer pleinement à l'écriture. Sans entrave, il pourra enfin disposer de son temps pour écrire. Dans un premier temps, les quelques économies accumulées lui permettent de vivre décemment tout en ralentissant la voilure. De quelques privations de confort viennent s'ajouter celles indispensables pour vivre. La précarité s'installe, seule parade : accepter des petits boulots pour gagner un peu de fraîche. Tout y passe, de menus travaux chez des particuliers peu avenants à du gros œuvre payé à l'arrache. Le narrateur se tue à la tâche. Littéralement. Au point de ne plus pouvoir écrire. Ironie du sort. Son corps souffre, et malgré cela, il continue, l'âme chevillée au corps, comme pour expier ce choix auprès de ses proches qui ne le comprennent pas. Vaille que vaille, cet homme-là ne cédera pas l'écrivain non plus. Pas de retour en arrière possible.
Franck Courtès livre ici un roman drôlement cortiqué sur ce qu'est être écrivain sans apprêt, sans aucune forfanterie, comme un pied de nez à de nombreuses idées reçues. Alors, on adhère sans aucune restriction.