Chaque Livre E.

19,00
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16 avril 2018

J’ai d’emblée été séduit par le style de Jakuta Alikavazovic. Elle tricote ses phrases, les travaille, travaille remarquablement la ponctuation, rien dans ses phrases n’est élémentaire. C’est plaisant ce style, ces redondances, ce rythme et cette intensité qu’elle crée.
Mais j’avoue qu’après le premier tiers je ne saisissais plus certaines phrases. Le style changeait, devenait plus alambiqué et l’histoire me semblait être marquée par quelques évènements ou digressions trop particulières. Et puis c’est un roman sombre, assez pesant, pas de ceux dans lesquels on aime s’abandonner.
Il y a comme une histoire d’amour impossible dans ce roman mais je trouve que les non dits et les circonvolutions de styles atténuent le plaisir de la découvrir.
Je trouve dommage que l’ensemble n’ait pas été à la hauteur du dernier chapitre, plus linéaire, plus clair, plus simple en fait. Déception.

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16 avril 2018

Les premières pages de ce roman de Philippe Claudel m’ont évoqué le terrible livre « Une petite île heureuse » de Lars Sund, puis, au fil du séjour sur l’archipel du chien, à la fable de LaFontaine « Les animaux malades de la peste ». L’irruption d’événements dramatiques peuvent mettre en péril l’harmonie d’une communauté habituée à vivre en vase clos. On ne rompt pas cet équilibre sans en trouver un coupable.
J’admire la sobriété, le quasi dépouillement du style, l’art de faire simple de Claudel. Une simplicité qui vient illustrer cette vie îlienne, doublée d’une force dans la justesse des mots qui apporte juste assez de précisions subodorées pour croquer ses personnages, ses « figures »: le curé, le docteur, le maire, l’instituteur...
C’est un magnifique huit clos, une fable moderne qui soulève les questions actuelles d’intégration. Puisse ce livre « aider à comprendre le monde, la vie et les hommes » comme le souligne un personnage de ce drame ! Formidable !

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16 avril 2018

Catherine Cusset s’est permise d’écrire la vie d’un peintre toujours en vie (80 ans) et soucieux de son image. Prudente, elle invente et réinvente les coulisses et les ressorts des créations de David Hockney en entraînant ses lecteurs dans les voyages, les aventures sentimentales, les humeurs joyeuses, les chagrins d’amour et les décès qui ont jalonné la vie de l’artiste. Un artiste épris de liberté, de tolérance ( homosexuel assumé), et des plaisirs de la vie. Il n’a pourtant eu cesse de se demander s’il devait se soumettre à la critique ou rester libre ? Grande question.
Catherine Cusset ponctue son roman avec de nombreuses descriptions de toiles (intéressantes à rechercher sur le net) ce qui donne l’impression au lecteur de parcourir un musée.
Peintre à découvrir ou redécouvrir, cette histoire se lit avec plaisir, et l’auteure, toujours en respectant son sujet, ne tombe jamais dans la vulgarité.
Dans un style simple tout en sobriété, l’artiste ici ce n’est pas elle, c’est lui. Instructif pour qui s’intéresse à l’art.

Niels

Viviane Hamy

20,00
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4 avril 2018

Attiré par une publicité sur ce livre, je m’attendais à une histoire de résistance et d’actes héroïques. J’ai l’impression d’avoir été mené en bateau.
Niels, membre de la résistance Danoise, se rend à Paris à la fin de la guerre 39-45 pour retrouver un ami...et là, on s’égare. Les événements historiques sont bien racontés, trop bien, de façon trop appliquée peut-être. J’ai été gêné par quelques clichés, le trait est parfois forcé aussi pour amener le lecteur à se représenter des scènes fortes.
On sent la passion folle que l’auteur entretient avec le théâtre, il utilise d’ailleurs ce genre pour raconter quelques fragments de cette histoire. Mais je n’ai pas adhéré à cette « mise en scène », je n’ai eu que trop peu d’émotions et je me suis perdu en côtoyant ces hommes de théâtre tantôt résistants tantôt collabos, aucune personnalité ne m’a passionné. Je n’ai pas cru à leur engagement politique. J’y vois un petit manque d’envergure dans cette narration, sauf sur la fin, plus sensible et pleine de promesses, et bien pour le coup je l’ai trouvée beaucoup trop...théâtrale.

22,00
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4 avril 2018

« Des jours sans fin » nous entraîne dans le difficile vécu de deux orphelins irlandais exilés en Amérique, devenus soldats, et amants, au milieu du 19eme siècle.
Sebastien Barry, à travers ses personnages, raconte avec tallent et flegme, un certain détachement presque, le massacre des indiens et les horreurs des combats de la guerre de sécession. Alors on se dit, un livre de guerre ? Pas vraiment.
Comment parvient-il à nous faire lire des horreurs avec un sourire aux lèvres? Je ne résiste pas à son humour pince-sans-rire! Il decrit des situations incroyables avec des formules extravagantes, un court exemple : en plein combat un soldat se pisse dessus et il commente : « au moins ça nettoie mes bottes »!
Pourtant rien n’est drôle, la peur est omniprésente. C’est à se demander quel peuple sera le plus féroce, le plus animal dans son art de la guerre!
Ses propos sur l’absurdité des guerres sont sensés et sensibles. La sensibilité éclate aussi quand l’amour vient s’immiscer en filigrane à travers ce roman. L’amour qui donne l’envie de vivre et de survivre dans cette vie folle.
Si pour l’auteur « c’est une merveille comme le corps humain est résistant » alors ce roman irlandais plusieurs fois primé est pour le lecteur une merveille de narration et de sensibilité.