- EAN13
- 9782072577741
- Éditeur
- Gallimard
- Date de publication
- 26/02/2015
- Collection
- Folio histoire
- Langue
- français
- Langue d'origine
- français
- Fiches UNIMARC
- S'identifier
La main de l'auteur et l'esprit de l'imprimeur. XVIe-XVIIIe siècle
Roger Chartier
Gallimard
Folio histoire
Autre version disponible
-
Papier - Folio 8,90
Tout comme l'histoire, la littérature est attachée à la résurrection des
morts. Souffle inspiré de l'épopée, minutie narrative et descriptive du roman
historique, ou bien réincarnation des acteurs de l'histoire sur la scène du
théâtre – certaines œuvres de fiction donnent au passé une présence souvent
plus forte que celle proposée par les livres des historiens. Mais Roger
Chartier nous met en garde : lorsqu'il les lit, l'historien ne doit jamais
oublier l'historicité de ces œuvres et leur mode de circulation. Si le XVIIIe
siècle fonde la littérature sur l'individualisation de l'écriture,
l'originalité des œuvres et le sacre de l'écrivain, il n'en allait pas du tout
de même auparavant : fréquence de l'écriture en collaboration, réemploi
d'histoires déjà racontées, lieux communs partagés, formules répétées, ou
encore, continuelles révisions et continuations de textes jamais clos. C'est
dans ce paradigme de l'écriture de fiction que Shakespeare a composé ses
pièces et que Cervantès a écrit Don Quichotte, à une époque de faible
reconnaissance de l'écrivain comme tel : ses manuscrits ne méritaient pas
conservation, ses œuvres n'étaient pas sa propriété et ses livres, dans leur
matérialité (ponctuation, divisions internes, paragraphes, etc. qui en
fixaient le sens), étaient d'abord l'œuvre des correcteurs, des typographes et
de l'imprimeur. Lecteur des textes littéraires, l'historien se doit plus que
jamais de savoir faire la part entre la main de l'auteur et l'esprit de
l'imprimeur.
morts. Souffle inspiré de l'épopée, minutie narrative et descriptive du roman
historique, ou bien réincarnation des acteurs de l'histoire sur la scène du
théâtre – certaines œuvres de fiction donnent au passé une présence souvent
plus forte que celle proposée par les livres des historiens. Mais Roger
Chartier nous met en garde : lorsqu'il les lit, l'historien ne doit jamais
oublier l'historicité de ces œuvres et leur mode de circulation. Si le XVIIIe
siècle fonde la littérature sur l'individualisation de l'écriture,
l'originalité des œuvres et le sacre de l'écrivain, il n'en allait pas du tout
de même auparavant : fréquence de l'écriture en collaboration, réemploi
d'histoires déjà racontées, lieux communs partagés, formules répétées, ou
encore, continuelles révisions et continuations de textes jamais clos. C'est
dans ce paradigme de l'écriture de fiction que Shakespeare a composé ses
pièces et que Cervantès a écrit Don Quichotte, à une époque de faible
reconnaissance de l'écrivain comme tel : ses manuscrits ne méritaient pas
conservation, ses œuvres n'étaient pas sa propriété et ses livres, dans leur
matérialité (ponctuation, divisions internes, paragraphes, etc. qui en
fixaient le sens), étaient d'abord l'œuvre des correcteurs, des typographes et
de l'imprimeur. Lecteur des textes littéraires, l'historien se doit plus que
jamais de savoir faire la part entre la main de l'auteur et l'esprit de
l'imprimeur.
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