A fleur de plumes
EAN13
9782296298392
Éditeur
Mokeddem
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
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A fleur de plumes

Mokeddem

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Les anges d'Eduardo Conde Quispe me rappellent que la vie apporte toujours sa
part de rêve, que la nature est encore belle et que la Bolivie s'attache,
depuis peu, à rendre démocratiquement à son peuple les ressources dont il a
été spolié durant des siècles. Claire Lamorlette Mythes et réalités de la
Bolivie ancestrale Lancés sur la route des Indes, les aventuriers qui
foulèrent nos terres en 1492 nous ont baptisés Indiens avant même de nous
connaître. Vers 1535, des moines, suivis des conquistadors du Haut Pérou,
anciennement la Bolivie, atteignent le lac Titicaca. Non loin de Tiwanaku, un
membre de l'expédition interrogea sans doute en ces termes l'un de nos
ancêtres : Comment s'appelle ton peuple ? Qui es-tu ? Quelle langue parles-tu
? Celui-ci, interprétant ces questions, pensa que l'Espagnol lui demandait :
Depuis quand vivez-vous ici ? Il répondit : Aymara Dans sa langue maternelle,
cela signifiait : il y a fort longtemps Durant mon enfance, mes grand-mères,
Nieves Huanca et Concepcion Avalos, m'ont fait découvrir et vivre au quotidien
notre cosmogonie aymara, nos conceptions de la vie et de la mort, à travers
les contes et légendes qui nous sont familiers, habités par nos dieux
tutélaires tels que les Apus, les Achachilas et les Illas. Là-bas, dans les
communautés, hommes et femmes cohabitent avec ces entités, auxquelles ils
vouent un grand respect, et ils entretiennent avec elles des relations de
réciprocité, au travers de libations et de prières qui marquent chaque
événement important. Puis, au cours de nombreux voyages dans mon pays, j'ai pu
constater que ce monde ancestral, avec ses dieux, ses symboles et son art,
était en train de disparaître face à la poussée de la modernité. C'est ce
constat qui a sans doute éveillé en moi un fort besoin de m'exprimer par le
dessin et la peinture afin de révéler un univers qui, avec le temps, me parut
encore plus fascinant. Invité par une association culturelle, je suis arrivé à
Paris en 1985. Mes tableaux et dessins ont touché des femmes et des hommes qui
ont eu envie de faire connaître en France les cultures natives de mon pays, en
particulier le monde aymara dont je suis issu. Les nombreux événements et
activités organisés à Paris autour de la Rencontre des deux mondes, en 1992,
m'ont donné l'occasion de faire la connaissance de Claire Lamorlette, qui,
captivée par l'inspiration de mon travail pictural a voulu en savoir plus.
Nous avons ensuite décidé d'écrire ce livre, illustré par un choix de
tableaux, auquel elle a donné le titre A fleur de plumes. Il accompagnera mes
expositions tout en ouvrant une fenêtre lisible sur la cosmogonie aymara.
Grâce à Claire, nous avons pu rencontrer l'éditeur, Mohamed Mokeddem qui,
spontanément, a décidé de le publier. A fleur de plumes conte et donne à voir
certains mythes et réalités de mon pays, la Bolivie. Tous mes remerciements à
Claire Lamorlette, aux éditions Mokeddem et à Christian Rudel, pour sa
préface. Eduardo Conde Quispe Tiwanacu, un village sur le toit du monde, non
loin du lac Titicaca et de La Paz… Pureté des lignes, paysages dénudés de
hauts plateaux aux formes douces, force des couleurs ravivées par un air pur
où l'altitude rapproche la terre aymara des étoiles et du ciel, pierres
millénaires superbement taillées de temples sacrés baignent l'enfance
d'Eduardo Conde Quispe, né dans ce lieu magique le 13 octobre 1953. Très tôt
Eduardo s'initie à la musique andine traditionnelle, aux instruments à vent
dont chacun sait jouer dans la région. Puis il remplit ses cahiers d'écolier
de dessins aux tons vifs. Rude est le quotidien : sa mère est seule à élever
trois enfants. Eduardo, scolarisé au village, doit partir travailler à La Paz.
Il a dix ans. Hébergé par un oncle austère et froid, peu attentif à ses dons
précoces de dessinateur, le jeune garçon est embauché sur un chantier comme
peintre ébéniste. Le soir, il étudie le programme du collège. Lors de ses
rares moments de loisir, il trouve le temps de dessiner et de peindre, son
frère Hugo lui servant souvent de modèle. Les jours, les années passent à ce
rythme. Après le lycée, Eduardo n'abandonne pas son projet de se former aux
arts plastiques ; il intègre l'Université Majeure de San Andres, à La Paz.
Parallèlement à ses études, il forme un groupe de musique dans les années
1970. Il joue du charango et de la guitare. La vie des paysans dans la
cordillère et dans les vallées chaudes (Yungas), les fêtes et cérémonies,
l'histoire, les légendes et les mythes constituent ses principales sources
d'inspiration picturale. Après une exposition au Canada, son chemin artistique
le mène en Europe. Eduardo arrive en France en 1985, invité en qualité
d'animateur du Centre culturel Chitakolla de La Paz pour faire connaître la
culture des Amérindiens, notamment à travers sa peinture. Il décide alors de
rester à Paris et de poursuivre ses activités artistiques. Il crée
l'association culturelle Porte du Soleil et organise des expositions de
tissages aymaras, de céramiques Shipibo (peuple de l'Amazonie péruvienne) et
de parures de plumes d'Amazonie. Il expose ses œuvres en Moldavie, en Suisse
et dans différentes villes de France. En 1996, Eduardo est invité à la
Rencontre des communautés amérindiennes, qui se tient à Paris à l'initiative
du président Jacques Chirac. Ses deux dernières expositions ont lieu en 1999 à
l'Ecole des Sciences sociales, à Paris, et en 2000, à Fontaines-Saint-Martin,
à proximité de Lyon. Parallèlement à son activité créatrice, Eduardo Conde
Quispe se perfectionne en peinture murale, en restauration de fresques et de
monuments, activités qui le font voyager et lui permettent de vivre et de
peindre. A fleur de plumes est l'occasion de retrouver le fil d'une histoire
née dans un continent, dans un monde où nature et hommes entretenaient un
dialogue harmonieux avant le choc de la conquête. Ce dialogue se tisse sur un
modèle en création permanente à partir de ce qui existe. A partir, aussi, de
la peinture d'Eduardo Conde Quispe et de ces quelques lignes. Claire
Lamorlette À 3800 m d'altitude, un petit village proche du lac Titicaca
émergeait lentement, voici quelques millénaires, d'un long anonymat humble et
frugal : Tiwanaku - le village éternel selon certains - s'apprêtait à dominer
une vaste région, puis à bâtir le premier grand empire des Andes. Peut-être
les paysans des origines avaient-ils placé leur confiance dans la haute
montagne, là-bas vers le sud, que nous connaissons sous le nom d'Illimani et
dont notre science a parfaitement mesuré la hauteur : 6432 m au-dessus du
niveau de la mer. C'était le plus haut d'un troupeau de sommets pareillement
enneigés, que la Cordillère royale avait posés en sentinelles et en gardiens
de l'Altiplano. De l'Illimani et des autres montagnes descendait, par de
nombreuses rivières, l'eau nécessaire aux cultures, aux animaux, aux hommes, à
la vie. Cette eau était le don des mystérieux habitants des hautes montagnes,
des êtres jamais rencontrés, mais dont les manifestations spectaculaires -
coups de tonnerre, éclairs - ne laissaient aucun doute sur leur existence, et
même les rendait redoutables. Comment rencontrer, comment entrer en relation
directe avec ces hôtes des neiges pour les remercier de leurs bienfaits - ou
pour en demander d'autres ? Mais d'abord, où trouver leur résidence ? Le
condor, roi des oiseaux, roi des neiges, roi du ciel, devait bien connaître
leur demeure : rien n'échappe à son œil pénétrant. Ah, si l'homme pouvait
voler et, comme lui, s'élever au-dessus des sentiers, des chaumières et des
champs ! Mais l'homme est lourd, pesant. Il a beau s'affubler d'ailes de
condor, au cours de certaines fêtes, il se révèle incapable de prendre son
envol pour se diriger vers le séjour des êtres invisibles. Le condor restait
le seul trait d'union entre le monde visible des hommes et le monde invisible
des maîtres des montagnes et de l'eau. Le condor comme d'autres oiseaux,
transportait parfois un message pour guider l'homme dans sa vie et ses travaux
ordinaires ; il suffisait de bien les observer, les écouter et d'interpréter
correctement les signes qu'ils lançaient… Porteurs de messages et de secrets,
les oiseaux servirent naturellement de...
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