Les chevaux n'ont pas d'ombre
EAN13
9782700235456
ISBN
978-2-7002-3545-6
Éditeur
Rageot
Date de publication
Collection
Rageot roman
Nombre de pages
192
Dimensions
18 x 12,5 cm
Poids
208 g
Langue
français
Code dewey
804
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Les chevaux n'ont pas d'ombre

De

Rageot

Rageot roman

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ISBN 978-2-7002-4544-8

ISSN 1951-5758

© RAGEOT-ÉDITEUR – PARIS, 2009.

Tous droits de reproduction, de traduction et d'adaptation réservés pour tous pays.

Loi n° 49-956 du 16-07-1949 sur les publications destinées à la jeunesse.

« Les chevaux n'ont pas d'ombre », disait toujours mon père.

Longtemps je me suis demandé ce que cela signifiait.

Jusqu'à ce que Léa arrive dans ma vie.

C'est l'histoire de deux filles.

L'une qui avait une sœur et l'autre qui n'en avait pas.

1

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La première fois, elle est venue à vélo. Je sortais de la maison et j'allais entrer dans la salle du club. C'est à cet instant que je l'ai vue : une silhouette qui zigzaguait sur le chemin ombragé pour éviter les trous. La piste qui conduit à notre ferme équestre n'est pas très bonne mais papa n'a jamais voulu engager les fonds nécessaires pour la faire goudronner. À chaque orage, les nids-de-poule se remplissent d'eau et se creusent un peu plus. Nous y sommes habitués et ceux qui viennent chez nous aussi.

Il avait plu la veille et l'air était encore chargé des senteurs humides dégagées par les arbres alentour. Le portail était grand ouvert, comme toujours. Le chien a surgi de derrière l'écurie, la tête haute, la queue en arc de cercle, et a trottiné nonchalamment vers la visiteuse. À la hauteur du portail, il a marqué un imperceptible temps d'hésitation avant de s'engager à l'extérieur, évitant lui aussi les flaques d'eau.

Contrairement à son habitude, il n'a pas aboyé.

Il s'est juste porté à sa rencontre.

J'ai vu la silhouette qui s'arrêtait, qui jetait un coup d'oeil vers la cour et, sans trop savoir pourquoi, j'ai reculé dans l'ombre du mur. J'ai cru qu'elle allait repartir. Le chien n'est pas méchant, mais ceux qui ne le connaissent pas ne peuvent pas le deviner et, habituellement, les visiteurs qui viennent ici pour la première fois s'en méfient.

Elle n'a pas essayé de le caresser. J'ai deviné qu'elle lui parlait, sans entendre les paroles qu'elle prononçait. Elle a mis pied à terre et a poursuivi son chemin vers le portail en poussant son vélo.

Le chien dansait à ses côtés.

Arrivée au portail, elle a hésité, se demandant ce qu'elle devait faire : entrer? Appeler? Puis elle a avisé la chaîne le long du mur et elle a tiré. La cloche s'est ébranlée et le son familier a résonné dans le silence. Le chien s'est sans doute dit qu'il avait accompli sa tâche, car il a abandonné la visiteuse pour rejoindre l'écurie.

Je suis entrée dans la salle du club en laissant la porte ouverte. Je savais ce qui allait se passer. Et ça n'a pas manqué.

J'ai entendu la porte de la maison qui s'ouvrait. En apercevant la haute silhouette de mon père, la visiteuse s'est décidée à franchir le portail, à traverser la cour. J'ai entendu sa voix :

– Bonjour, monsieur. Je viens pour...

– Tu veux monter à cheval, l'a interrompue mon père.

– Euh... Oui... Peut-être... Je voudrais surtout des renseignements.

– Hum, a bougonné mon père qui n'a jamais été très bon pour « donner des renseignements ».

En revanche, il s'est toujours très bien débrouillé pour que nous nous chargions de cette mission. Il a enchaîné :

– J'ai cinq filles par là. Tu en trouveras bien une pour te dire ce que tu veux savoir.

Il lui a tourné le dos et est rentré dans la maison.e9782700245448_i0003.jpg

Je me suis demandé ce qu'elle allait faire. Parfois, cet accueil abrupt décourageait un client éventuel et il s'en retournait sans chercher plus loin. Quand nous sermonnions notre père à ce sujet, arguant que quelques clients supplémentaires ne seraient pas de trop, il répliquait :

– Il n'y a rien à regretter. S'ils n'insistent pas, c'est qu'ils ne sont pas pour nous. Mieux vaut qu'ils aillent ailleurs.

Elle n'est pas repartie. Elle a appuyé son vélo contre le mur, s'est approchée de la porte vitrée du club, a frappé d'un doigt timide contre le carreau, une fois, deux fois, avant de pousser le battant et de s'aventurer à l'intérieur.

Elle ne m'avait pas encore aperçue, même si moi, je la voyais, debout sur le seuil entre l'ombre et la lumière. À cet instant, tout était encore possible. Elle pouvait s'en aller, renoncer, me laisser à ma tranquillité, mais elle a avancé.

– Bonjour, a-t-elle dit en me découvrant.

J'ai soupiré. Quand mon père lance : «J'ai cinq filles par là, tu en trouveras bien une! », c'est toujours sur moi que ça tombe.
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