Nathalie Grall, L'air de rien

L’alliance du pinceau et du burin, du trait lâché et du sillon gravé, révèle la quête de Nathalie Grall, atteindre l’intemporel en inscrivant l’éphémère. Le caractère insaisissable de l’image transparaît dans sa matérialité même, discrète, une empreintesur un voile de papier de Chine. Ses gravures s’inspirent des formes de la nature, évoquent le passage du temps et la sensation d’un élan vital. L’artiste guette et surprend une faune fébrile, une herbe agitée, une silhouette entrevue. Les paysages sans horizon, ponctués de rochers anthropomorphes ou les métamorphoses d’un jardin zen nous invitent à la contemplation et à la méditation. Le caractère calligraphique de son dessin, interprété avec lenteur dans le cuivre par les pleins et déliés d’une incision au burin, l’entraîne au bord de l’abstraction, mais laisse place également au hasard et à la fantaisie. « L’air de rien », pour reprendre l’un de ses titres, Nathalie Grall fixe la mémoire furtive d’une émotion perçue face à la nature et par une transcription fluide et épurée approche l’essence des choses.