La Fabrique de l'arabité

À l'heure où se posent avec acuité en France et en Europe la question des
identités, ce petit opus vient nous poser sans détour celle de l'arabité. Sans
tomber dans le piège de l'essentialisme, l'auteur montre comment l'identité
arabe moderne s'est construite au fil des xixe et xxe siècles en imbriquant
systématiquement deux dimensions: l'une politique (l'arabisme) et l'autre
culturelle (l'arabité). Illustrant cela au long de chapitres brefs et incisifs
abordant des domaines divers de la culture populaire (opérette musicale,
feuilleton et football) ou légitime (littérature et cinéma), l'auteur réussit
d'une part à nous montrer la variation de ces expressions dans le temps (du
xixe au xxie) et dans l'espace ("du Golfe à l'Océan"), tout en soulignant
d'autre part les enjeux politiques nichés dans certaines productions locales
ou les aspects politiques qui sous-tendent certaines questions culturelles
plus larges, comme celle primordiale de la langue, qui est à la fois celle des
arabes mais aussi celle du Coran. Ce faisant, l'auteur "désethnicise" bel et
bien l'arabité en invitant à une réflexion plus générale sur les chemins de
traverse empruntés par la construction de cette identité culturelle bien
spécifique, qui nous est à la fois si proche et si lointaine.