En 1982, September et ses quatre amis scellent un pacte en jetant dans un coffre étrange trouvé dans une forêt des objets en guise d'offrande, en promettant de ne jamais venir les récupérer. Un pacte censé les unir à jamais. Quatre ans plus tard, ils ne s'adressent quasiment plus la parole mais fréquentent le même lycée. Quand des évènements inquiétants se multiplient sur l'île, les lycéens comprennent tout de suite que quelqu'un n'a pas respecté les règles du coffre...
J'ai adoré l'atmosphère pesante et angoissante qui règne dès le début du roman, ainsi que la plume travaillée de l'auteur, qui a su planter un vrai décor. Les descriptions des forces rampantes, grouillantes et putrides dans la nature hostile font froid dans le dos! Les chapitres sont courts et efficaces, avec souvent des chutes très aguichantes.
Ce n'est pas tant l'intrigue qui fait la force de roman, mais vraiment l'ambiance. L'auteur n'hésite pas à basculer dans l'horreur à plusieurs reprises, avec moult clins d’œil à des références cinématographiques dans lesquelles les gamins se retrouvent toujours seuls face aux forces du mal, et doivent se débrouiller sans l'aide des adultes, de préférence en enfourchant leurs vélos!
Je conseille vraiment de le lire quasiment sans coupure, la nuit bien sûr, afin de rester dans l'ambiance le plus longtemps possible!

Il existe au sud des États-Unis, une petite ville où vivent des Noirs à la peau si claire qu'on pourrait les prendre pour des Blancs. Stella et Désirée, deux jumelles de seize ans fuguent dans l'espoir de trouver une autre vie ailleurs, loin de cette communauté repliée sur elle-même.
L'autre moitié de soi est une très belle fresque familiale se déroulant sur plusieurs générations, avec des personnages complexes et très attachants.
De son écriture fluide et prenante, Brit Bennett nous livre un roman captivant et original sur l'identité et le besoin de se glisser dans la peau d'un autre, même si c'est au prix d'une vie de mensonge.

Deux pages m'ont suffit pour comprendre que j'avais un excellent livre entre les mains.
Voilà un policier digne de ce nom au rayon ado!
La plus jolie fille du lycée s'est faite assassiner. Son corps a été retrouvé dans l'étang de Pike Pond, dans sa tenue de joggueuse. L'enquête, menée par un très jeune inspecteur, serait au point mort si notre jeune Garvie ne se mêlait pas des affaires de la police. Quoi de plus frustrant de recevoir de l'aide d'un ado de 16 ans surdoué ? Eh bien que cet ado en question n'en fasse qu'à sa tête, coiffant au poteau les enquêteurs en les faisant passer pour des imbéciles. Et on ADORE ça. Garvie est intelligent, agaçant, charmeur, hors norme, condescendant malgré lui et dénué de toute émotion. Ça vous rappelle quelqu'un? Moi oui : Benedict Cumberbatch dans un de ses plus grands rôles : Sherlock !
Bref, tous les ingrédients sont réunis pour faire de cette lecture un vrai régal. L'écriture et la traduction y sont pour beaucoup : c'est percutant, d'une efficacité redoutable, tout sonne juste et les dialogues sont diablement bien menés!
A partir de 14 ans, mais les adultes pourraient bien être surpris!

Après nous, les animaux est un immense roman d'anticipation, une odyssée époustouflante au suspens insoutenable.
En 2086, un groupe d'animaux -tous issus d'un cirque en provenance d'Europe- se retrouvent livrés à eux-mêmes sur la côte du Mexique et vont tenter de survivre dans un monde ravagé et peuplé de dangers, un monde dans lequel il n'existe plus un seul humain.
Une fable animalière humaniste dans laquelle se retrouvent nombre de références bibliques, littéraires et qui se permet même un clin d’œil à "2001 l'odyssée de l'espace".
Une écriture maîtrisée, ciselée et exigeante au service d'une plongée sans concession dans le règne animal.
Clou du spectacle: une transcription bluffante des émotions éprouvées par les individus qui constituent ce groupe. On s'attache. Beaucoup trop. Et ça fait mal. Tout comme ces animaux qui se sont attachés de façon si désarmante aux humains, à leurs "maîtres", peu importent les coups ou les caresses.
Ce que Camille Brunel a fait est tout simplement magique. Un vrai tour de force!

Dans le tailleur de Relizane, Olivia Elkaim nous transperce le cœur avec l'histoire de son grand-père, modeste tailleur dans une petite ville en Algérie. On est en 1958, et les "événements" ne sont pas loin. Le climat s'électrise, les actes de violences redoublent, et la famille de Marcel ne sait plus vraiment quelle est sa place dans cette Algérie qui s'embrase. En se plongeant dans l'histoire de sa famille grâce un travail de documentation, l'autrice renoue peu à peu avec son identité, celle qu'elle a mise de côté depuis trop longtemps. Sa plume est belle, précise, et chacun des mots est choisi avec une telle justesse qu'ils se frayent un chemin jusqu'au cœur du lecteur et frappent doucement comme autant de battements. Le tailleur de Relizane est un récit puissant et intime sur l'exil, le déracinement et la douloureuse quête d'identité. J'ai pleuré à chaudes larmes, j'ai eu le coeur brisé en mille morceaux, puis recollé. Le cœur. J'insiste sur ce mot, c'est un récit qui a été écrit avec le cœur, les entrailles, et le résultat est incroyable. Certains romans nous touchent, celui-ci nous étreint avec force et beauté. C'est un sans-faute.